Il suffit de relire le livre de John Gray : "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus" pour comprendre qu'il existe des différences majeures entre les sexes. Parmi les nombreuses nuances intersexuelles relevées par l'essayiste américain, on peut noter les suivantes ;
Origines symboliques : Les hommes sont de Mars (logiques, orientés solutions), les femmes de Vénus (émotives, relationnelles).
Gestion des problèmes : L’homme cherche à résoudre, la femme veut être écoutée.
Besoins émotionnels : L’homme a besoin de reconnaissance et d'admiration, la femme de protection, d’attention et d’affection.
Communication : Les femmes parlent pour partager, les hommes pour informer ou régler.
Réactions au stress : L’homme se replie dans sa « caverne » (besoin de solitude pour réfléchir), la femme a besoin de parler sans nécessairement attendre de solutions.
Démonstration d’amour : Les femmes veulent de petits gestes réguliers, les hommes croient qu’un grand geste suffit. L'homme démontre son amour par des actions (réparer quelque chose, protéger, etc.), tandis qu’une femme préfère le montrer par des attentions, des paroles ou des gestes affectueux.
Attentes implicites : Les femmes pensent que l’homme devine leurs besoins, l’homme attend des demandes claires.
Motivations : L’homme veut se sentir utile, la femme veut se sentir aimée et comprise.
Approche des conflits : L’homme évite, la femme confronte pour clarifier.
Cycles émotionnels : La femme a des hauts et des bas réguliers (générosité puis retrait...), l’homme les comprend mal s’il n’est pas averti.
Pour qu’une relation dure, John Gray nous explique que chacun doit faire l’effort de comprendre l’autre selon sa "planète" d’origine, en identifiant et en acceptant les différences plutôt qu’en cherchant à les supprimer. Toute évolution naît de la prise de conscience.
La représentation taoïste de l'homme et de la femme
Avec son approche naturaliste, la Voie du Dao de son côté admet également une distinction ontologique entre l'Homme et la Femme, à l'image des versants d'une même montagne (le nord et le sud, l'ubac et l'adret...). A l'image du jour et de la nuit qui sont des réalités tangibles, l'Homme n'est pas la Femme et la Femme n'est pas l'Homme. L'Homme est d'essence Yang (le Ciel, les concepts, le visible, l'émission) lorsque la Femme est d'essence Yin (l'Eau, le plan terrestre, la matière, le caché, la réception). L'Homme et à la Femme renvoient au chiffre "2" et au Yin-Yang, et ont vocation à produire le "3" (l'enfant, qui est le seul moyen de poursuivre l'aventure de la vie), en passant préalablement par le "Un" de la fusion des corps, le retour à l'Origine taoïste (qui peut devenir alchimique pour certains couples comme on a pu le décrire dans un autre article).
La courbe de Gauss (qui a fait transpirer tant d'étudiants) traduit de manière pédagogique et visuelle cette représentation de la montagne sexuée de notre humanité, avec à gauche la prédominance des femmes et de leur versant caché (comme l'enfant que l'on ne voit pas en son sein, comme ses organes génitaux internes...) et avec la partie éclairée, visible et masculine à droite. La courbe traduit également l'idée qu'à ses extrémités se trouvent des exceptions de genre, quantitativement peu nombreux, avec des femmes (Yin-Yang) plus masculines que certains hommes et certains hommes (Yang-Yin) plus féminins que certaines femmes.

Cette répartition sexuée de la population est peut-être plus parlante en recourant au symbole du TaïJi Tu et du Yin/Yang que tout le monde connaît. La représentation des différentes populations devient alors la suivante :

Par essence et de manière trop souvent oubliée, le symbole du Yin Yang est fondamentalement dynamique. Il est un instantané d'une réalité qui bouge à chaque instant, à l'image d'une montagne qui s'éclaire à l'Est le matin et s'obscurcit à l'Ouest le soir. Il est cette montagne dont les zones d'ombre et de lumière évoluent à tout moment, au fil du temps de la journée et des saisons.
Dans le cas des humains, cette représentation rotative et changeante aurait tendance à nous dire que ce qui est de nature féminine a vocation à devenir masculine et que ce qui est de nature masculine a vocation à devenir féminine. Admettons que dans le cas des humains, ce n'est pas chose d'évidence. Un homme aura plutôt tendance à rester un homme (ce que la femme pourra d'ailleurs lui reprocher) et une femme à rester une femme (ce que l'homme ne manquera pas non plus de lui faire remarquer). Pour autant et somme toute à la marge, les contours peuvent fluctuer au gré des moments de la journée, des expériences et du temps. C'est ainsi que les hommes ont tendance à s'assagir avec l'âge et les femmes à s'affirmer avec le temps, même si cela est loin d'être une généralité. Ces quelques lignes vont toutefois tenter d'apporter une interprétation à cette dynamique d'ensemble.
Ce que le Yin/Yang nous enseigne
A bien y regarder, cette représentation du Yin-Yang peut nous apporter des éclairages intéressants dans la compréhension des sexes de notre espèce.
L'homme est d'essence Yang. Il aime la vitesse et le mouvement, la performance. Il aime courir quand la femme préfère généralement la lenteur et marcher, l'homme préfère la technologie et l'externe, la femme privilégie l'interne (maison, corps), le vivant et le biologique, l'homme a tendance à se penser seul, la femme se pense en liens et en relations. L'homme goûte et se projette dans le futur (Mars, demain...) quand la femme s'épanouit dans le présent. La femme résonne avec les larmes du Métal (Petit Yin) et de l'Eau (Grand Yin) quand l'homme affectionne la colère du Bois (Petit Yin) et la mise en avant du Feu (Grand Yang). L'homme aime la curiosité risquée et l'audace du Bois quand la femme aime se retrouver dans la sécurité du Métal.
Sans aucun souci d'exhaustivité ou volonté de caractériser TOUTES les Femmes et TOUS les Hommes, le tableau ci-dessous tente de lister quelques vertus et vices potentiels de chacune des polarités Yin/Yang :

Derrière cette réalité tabulaire un peu figée et caricaturale, se dissimule au moins 3 enseignements majeurs.
Le premier enseignement est que l'Homme et la Femme sont différents par nature et par essence. A ce titre, la loi du genre qui voudrait les confondre est une aberration mentale, une construction statistiquement et ontologiquement fausse, anthropique et hautement spéculative, comme le confirment la plupart des primatologues. Dans son dernier ouvrage, Frans de Waal indique ainsi que "même chez les grands singes, les femelles jouent à la poupée".
Le 2è enseignement est celui de la complémentarité. Chaque polarité a besoin de l'autre pour exister et l'enrichir. La montagne ne pourrait exister sans ses 2 faces et l'absence de l'une l'obligerait à s'effondrer sur elle-même. Homme ou Femme, chacun vient apporter à l'autre ce qui lui manque, vient le nourrir et l'enrichir. L'Homme n'est pas plus l'ennemi de la Femme que la main gauche (Yang) ne l'est de la main droite Yin, le haut de la tête (Yang) du bas des pieds (Yin) ou l'avant des pectoraux ou des seins ne l'est des fessiers (Yin ou Yang selon les interprétations). Chacun est au contraire ce qui vient compléter l'autre polarité par ses vertus propres. Dans le monde de la matière, la totalité et le "Un" ont besoin du découplage du "2" même si le "2" à vocation à retrouver le "Un" de l'Unité pour engendrer le "3" de la multiplicité et de la Création.
Par corollaire, la recherche d'une certaine harmonie voudrait qu'un individu (Homme ou Femme) à dominante "Yin" trouve un partenaire à dominante "Yang" et qu'une personne à dominante "Yang" trouve un partenaire majoritairement "Yin".
De la même manière et par incidence, cette quête de la complémentarité aide à comprendre conscience que la quête du Féminin Sacré est une ineptie qui créé de la séparation entre les sexes puisqu'il ne peut s'entendre qu'en lien avec le Masculin Sacré ; la sacralité de l'un ne saurait s'entendre sans la sacralité de l'autre. La Lune disparaît sans le Soleil. Vénérer la Lune sans le Soleil est un non-sens astronomique. Un article de 2021 avait cherché à approfondir cette question.
Le 3è enseignement est celui de la dynamique des 2 puissances Yin et Yang. Dans la nature et la vie des mammifères, une première dynamique se traduit par le mouvement du couple qui génère le "3" de l'enfant. Une des vocations du Masculin-Féminin dans la nature repose donc sur la nécessaire perpétuation de l'espèce et de la vie elle-même sous peine de dissoudre et de faire disparaître le système d'expérience et la possibilité de l'incarnation.
La 2è dynamique du Yin-Yang est celui du mouvement vers l'autre et de l'installation de l'harmonie. Le symbole invite l'Homme à se mettre en mouvement, à se rapprocher de la Femme et de la comprendre pour lui apporter ce dont elle a besoin (sécurité, action, confiance, rationalité) afin de recevoir en retour ce qui lui permettra de cultiver ses vertus et d'atténuer son Feu Yang à son contact (impulsivité, manque d'écoute ou d'empathie, entêtement...). Complémentairement, ce mouvement symbolique du Yin-Yang appelle la Femme à se rapprocher de l'Homme pour bénéficier de ses vertus (confiance en soi, oser et s'affirmer, savoir dire non, innover...) et pouvoir pleinement exprimer son Yin (écoute, soin de la relation, empathie, sensibilité, respect du vivant, intuition, relation avec les plans subtils...).
L'analyse par les traits et les points
On l'a dit plus haut, l'homme a tendance à se penser seul, la femme raisonne davantage en liens et en relations. A ce titre, il est tentant de représenter l'Homme sous la forme d'un point et la Femme sous la forme d'un trait. Un article précédent avait déjà tenté cette approche. On y évoquait notamment les "points" suivants :
Le point est d’essence Yang (masculin) et le trait est d’essence Yin (féminin).
Le point renvoie au centre, à l’écoute, à la préservation et à l’épanouissement de soi. Force centripète et principe masculin, les femmes ne reprochent-t-elles pas souvent aux hommes leur égoïsme ;-) A l’image du photon, le point se rapproche de la lumière. Support d'autorité en grammaire, il renvoie tour à tour à l'affirmation (le point d’exclamation), à l'information (le point final) ou au questionnement (le point d'interrogation). De périmètre infiniment petit et quasiment sans masse, il se rapproche du vide et du Ciel Yang, à ce qui n’est pas, au sans forme et au cosmique. Le point renvoie au non-espace/temps. Seul et sans référentiel, le point ne sait pas s’il se déplace ou pas, si le temps défile ou pas.
Par complément, on peut voir le trait comme un agent de liaison Yin et de Terre entre 2 points, entre 2 mots, un pont jeté entre 2 berges, l'autre et moi-même, les autres entre eux, le visible et l'invisible. Le trait n’existe que par ses extrémités et sa capacité à faire se rejoindre ce qui est éloigné. Le trait renvoie ainsi à l’autre ou à ce qui n’est pas soi, à un principe féminin de relation et d’engendrement, multiple et infini. C’est le monde de l’espace et du temps, du vieillissement et du trait de la vie.
Ce trait du lien est fondamentalement l'énergie Yin de la Terre et de la matière, du biologique et du présent, de Gaïa et de la Mère. Le "trait" porte la puissance du Yin de la Terre et de l’horizontal, le "point" Yang, la puissance du Ciel et du vertical,
C'est ainsi que la Femme se sent bien dans la Terre et que l'Homme rêve de Mars. L'Homme se croît une île et la Femme se pense et se conçoit comme un pont entre chacune d'entre elles. Tout cela manque naturellement de nuance et reste une abstraction mais permet comme toute simplification, de simplifier le réel pour mieux l'appréhender.
L'analyse par la géométrie
Vu sous un autre "angle", la géométrie pour sa part, peut également nous aider à comprendre les différences ontologiques du "masculin/féminin". C'est ainsi que l'Homme apparaît convexe quand la Femme se découvre concave. L'écrivain allemand Robert Musil dans son roman L’Homme sans qualités, établit explicitement (comme Aristote et la médecine antique en leur temps) cette correspondance symbolique et morphologique entre les formes concaves du féminin et les formes convexes du masculin. La concavité féminine résonne naturellement avec le principe réceptif de la matrice et d'un espace qui reçoit, orienté vers l'interne et ce que l'on ne voit pas. Le principe masculin à rebours est une force qui cherche l'excroissance de la concavité jusqu'à mesurer parfois les centimètres de manière puérile. Il est essentiellement émissif et tournée vers l'extérieur et vers ce qui se voit. A l'image d'un iceberg, on voit la partie émergée qui est convexe mais on oublie souvent la partie concave Yin immergée, qui représente accessoirement 90% de la totalité de la masse glacée. Le "Yin" est le grand négligé et incompris de nos mondes modernes.
Dans la symbolique cosmique, l'Homme est représenté par le cercle (les étoiles, les astres, la tête) et la Femme par le Carré de la Terre et de la stabilité que l'on retrouve lorsque les pieds se rassemblent côte-à-côte.
L'analyse par les monogrammes et les trigrammes du Yin-Yang
Prétendument découverts par le mythique FUXI (Yang) doublé de son pendant Yin NUWA il y a plus de 3 000 ans, les monogrammes et trigrammes peuvent tenter à leur manière, d'approcher cette notion de masculin/féminin.
Le Yang est ainsi représenté par un long trait. C'est le rigide phallique, la performance, le sec. Le Yin de son côté est représenté par 2 traits courts, symbole de la souplesse du sexe féminin et de l'humidité qui lui est associée, l'Eau permettant le souple. Le trigramme de l'Eau (le Yin suprême) est ainsi représenté par la superposition de 3 Yin.
Plus élaborés et au nombre de 8, les trigrammes viennent affiner le concept du "Masculin" en l'associant au Feu et la polarité Yin du Féminin en l'associant à l'Eau. C'est ainsi que le trigramme du Feu, associé sur Terre au Grand Yang et à l'Homme, est symbolisé par la superposition en 3 étages d'un monogramme Yang, d'un Yin puis d'un Yang. Le Yin enserré entre 2 Yang représente une forme de puissance et de combativité à l'image de 2 parois dures et Yang qui viennent protéger un corps mou et Yin, à l'image de la cuirasse ou de l'armure du guerrier.

A l'inverse, le trigramme de l'Eau (Yin/Yang/Yin), associé sur Terre au Grand Yin de la Femme, représente la rigidité phallique Yang entre les 2 parois Yin et souples et humides de la matrice de la femme.

La complémentarité des 2 mondes Yin/Yang est ici bien visible.
Quelle relation vis-à-vis des LGTBQ+ ?
Sujet casse-gueule entre tous et hautement polémique, on ne peut pas traiter aujourd'hui la question du sexe sans convoquer de manière automatique et craintive, la fameuse "théorie du genre". Quantité de laboratoires de par le monde travaillent aujourd'hui sur la question qui est devenue à la fois un sujet de recherche et un objet idéologique aux mains de nouveaux censeurs, contempteurs d'un conservatisme prétendument patriarcal et phallocratique.
Le recours à l'observation, à la nature, à l'éthologie, à la géométrie ou aux trigrammes attestent de la différence intrinsèque qui existe entre les sexes. Pour autant et au-delà de cette complémentarité d'évidence, les humains tentent depuis longtemps des expériences érotiques et de déjouer le déterminisme sexuel de la nature. C'est ainsi qu'il est utile de rappeler que les LGBTQ+ existaient déjà bien avant l'époque romaine ou dans les tribus amérindiennes (cf. par exemple le film "Grand Petit homme" avec Dustin Hofmann) mais dans des proportions bien moins importantes qu'aujourd'hui.
Dans ce genre de débats conflictogènes associant moralité ou idéologie et quelque peu "prise de tête", le pèlerin du Tao aime bien faire un pas de côté et se poser la question de ce que répondrait un arbre, un chien, un enfant, son propre corps et l'amour. Cet exercice mental permet souvent de simplifier le sujet, de dépassionner et "désanthropotiser" le propos. C'est ainsi que ce questionnement fictif apporterait logiquement et rapidement les réponses suivantes :
- Le "sexe" est de nature biologique, fruit de centaines de millions d'années d'évolution, le "genre" est une invention humaine, psycho-anthropo-sociologique. Le "Sexe" n'est pas le "Genre" qui renvoie à une perception, à un sentiment d'appartenance ou à une appétence. Pour les arbres, un chien ou un enfant, la théorie du genre n’est pas compréhensible et ne signifie rien. Ils ne connaissent que la polarité mâle/femelle. Dans le monde des mammifères, seule l'espèce humaine se pose cette question du "Genre".
- A se regarder, le corps sait s'il est sexuellement né "masculin" ou "féminin" (ou éventuellement transexuel).
- Le "Genre" est le fruit de la créativité des humains et de leur besoin ontologique à créer ce que la Nature ne leur propose pas à l'état natif (devenir une femme si on est un homme et réciproquement, se penser homme si on est une femme, etc.).
- Les couples homosexuels sont rarement Yin-Yin ou Yang-Yang. Comme dans tout couple, l'un des partenaires aura une polarité Yang plus développée et l'autre une polarité Yin plus affirmée. On les trouvera généralement aux asymptotes de la courbe de Gauss évoquée précédemment.
- La reproduction par 2 entités mâles ou 2 entités femelles est impossible dans la nature sans le recours à la technologie. Elle est à ce titre a-naturelle car le "2" du XX ou du YY ne peut engendrer le "3" du XY. Elle est le fruit de l’esprit humain, une fantaisie créative, une radicalité volitive artificielle au sens de "non naturelle".
- Les enfants devraient être tenus éloignés de ces considérations de genre et laisser s'exprimer leurs appétences par elles-mêmes de manière "naturelle" et SANS l'intervention perturbatrice des adultes, dans le cadre éducatif notamment.
Ceci étant posé, 2 éléments d'importance viennent aujourd'hui "polluer" la donne. La première pollution est de nature politique et idéologique. Mis en scène par exemple au niveau planétaire lors des derniers jeux olympiques (avec un tableau de 11 mn représentant des Drag Queens en présence d'enfants), un lobbying actif cherche à : 1) imposer une forme de relativisme sexuel, 2) à confondre le genre avec le sexe, 3) à considérer que le Yang et le Yin sont semblables et à affirmer une indétermination sexuelle à la naissance, 4) à imposer ce relativisme comme la nouvelle norme sociale et 5) à inculquer ces croyances aux enfants dès leur plus jeune âge. Cette perception déconstruit complètement la mémoire cellulaire que nous portons en nous depuis des millions d'années et le fruit de notre évolution d'espèce. Nos enfants sont aujourd'hui perdus, aux mains d'étrangetés plus ou moins perverses qui sont de nature à accentuer une anxiété chronique, déjà largement répandue au sein de la jeunesse pour les raisons que l'on connaît tous (défiance vis-à-vis du progrès technique et des institutions, défis écologiques, troubles géopolitiques, difficultés économiques, radicalités religieuses et montée de la violence...).
Cause ou effet, une deuxième pollution, biochimique celle-là, concerne les perturbateurs endocriniens. Comme le souligne l'ouvrage de la journaliste Corinne Lalo sorti au Cherche-Midi en 2024 : "Les Perturbateurs endocriniens : tout ce qu'on ne vous dit pas - Le grand désordre hormonal", de nombreux perturbateurs endocriniens perturbent le développement biologique et sexuel des adolescents notamment. Outre les pesticides, les œstrogènes des pilules contraceptives éliminées par les urines par exemple sont ingérées dans l'eau du robinet par des millions de jeunes garçons qui voient leur patrimoine génétique et hormonal profondément modifié. Outre la sensibilisation militante évoquée plus haut, cette réalité biochimique explique peut-être l'ampleur inédite du phénomène du "Genre" qui fait apparaître une sorte d'androgynie ou de 3è sexe, intermédiaire sans précédent à cette échelle, au sein de notre espèce.
Vu depuis la nature, les propositions politiques sont alors assez simples à trouver et sans doute à (longuement) débattre :
- Limiter au maximum l'émission des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans la nature
- Ne pas associer les enfants jusqu'à l'adolescence à la notion de genre
- Bien distinguer le concept de "genre" de la réalité naturelle et biologique du "sexe"
- Cesser de médiatiser et de vouloir instaurer la nouvelle norme du genre en lieu et place de la norme du "sexe", rappeler la réalité biologique du "sexe" au sein du vivant
- Ne pas encourager la procréation ou l'adoption pour des couples dont le "2" ne peut biologiquement et naturellement générer le "3". La science est un recours pour réparer les corps et prolonger l'existence, qui se délégitime lorsqu'on s'éloigne des lois fondamentales du vivant.
- Accepter l'idée qu'on puisse être de "sexe masculin" et de "genre féminin" par exemple (Yang-Yin) ou de "sexe féminin" et de genre masculin (Yin-Yang)
- Exprimer une tolérance absolue, compréhensive et bienveillante vis-à-vis de tous ceux qui se sentent de l'"autre bord"
S'affranchir du Yin-Yang
Contrairement à ce que nous dit la Bible qui voudrait que Eve (Yin) soit sortie de la côte Yang d'Adam, les taoïstes ont un goût prononcé pour le Yin et pour ce qui ne se voit pas. Pourquoi ? Parce que le Yin est à l'origine de l'univers et qu'il est plus proche du Tao mais également parce que le Yin obscur de la soupe originelle de l'univers précède le Yang de la lumière et des étoiles qui en a découlée. Sur Terre, c'est chronologiquement du Yin de la préparation (l'entrainement par exemple de l'athlète que personne ne voit) que vient se construire le Yang de la performance et de la victoire. Sur un plan plus végétal, c'est de la puissance des racines Yin et cachées de l'arbre que dépend la récolte des fruits qui s'offrent au monde. Mal jugé et mal considéré au prétexte qu'on ne le voit pas, le Yin (et le principe féminin) est désavoué en occident alors qu'il est vénéré dans la Voie taoïste.
Ceci dit et en allant plus loin, le pèlerin du Dao avancé songe à un monde qui précède la séparation du "2", s'intéresse de son vivant à ce monde de la Grande Unité où le distinguo du Yin/Yang, de l'Homme et de la Femme n'a plus d'objet. Ce monde est celui du "Un Suprême" et du Global, du dépassement de la référence à son sexe et de la sublimation de son ego personnel. Si le "2" de l'Homme et de la Femme renvoie à l'incarnation terrestre, le sexe se perd dans le "1" du Ciel et parler du sexe des anges relève à ce titre, de l'oxymore. Vu du Ciel, le sexe n'a pas d'importance propre et ne renvoie qu'à une typologie d'expériences de vie. L'expérience de l'incarnation et les leçons associées ne seront pas en effet les mêmes, selon que l'on endosse un habit d'homme (polarité de prééminence à-priori, force physique) ou la robe d'une femme (sensibilité plus exacerbée, polarité de vulnérabilité plus forte). A bien y réfléchir, notre vestiaire dépend surtout de l'expérience qu'on est venue chercher dans la présente existence. La vie sexuée d'un individu est d'abord l'histoire d'une acceptation, celui de son sexe biologique et de son mandat céleste, avec ses charmes et ses risques, ses vices et ses vertus. La nature et l'horizontal de notre vie terrestre nous rappellent la loi physique de la différence des polarités entre le masculin et le féminin mais également le nécessaire équilibre entre les deux pour instaurer l'harmonie. Ils nous invitent à la réconciliation du ET plutôt qu'à la séparation du "OU".
Ultimement et généralement à la fin de sa vie, au moment où l'activité sexuelle disparaît, le Ciel vient nous rappeler, souvent trop tard, que le "1" précède le "2" et qu'il est temps de penser à l'Origine dont l'atteinte n'a jamais été aussi proche.
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