Les dialogues de l’arbre : 9 conseils du vivant pour bien vivre l’incertitude

· Entreprise,Développement perso

Par Laurent Chateau

Les turbulences (géo)politiques actuelles en attestent, de plus en plus de dirigeants se plaignent d’évoluer dans un monde de plus en plus chaotique et VICA : volatil, incertain, complexe et ambigu. Certains même ajoutent le D de « Dangereux ». Ce sentiment de perte de contrôle et d’incertitude affecte le monde du travail autant que la sphère personnelle. Les raisons sont multiples et renvoient à l’accélération de nos sociétés qui courent derrière la machine, à la complexification des échanges liée à la mondialisation de nos flux économiques, à la montée en puissance et l’accumulation des crises successives (sanitaires, démocratiques, géopolitiques, environnementales, sociales, identitaires ou religieuses) qui vient poser la question ontologique du sens de la vie et de notre avenir commun.

Ce climat d’incertitude chronique renforce l’anxiété et la tentation du repli sur soi, rend difficile la relation et la prise de décision. Les lignes qui suivent tentent de traduire les 9 messages qu’un arbre serait susceptible de nous adresser pour bien vivre l’incertitude et faciliter précisément cette prise de décision.

Comme il pourrait s'amuser à nous le dire, du ligneux aux lignes de cet article, il n’y a qu’une feuille... de papier 😉.

 

Bonne lecture.

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1. Rappelez-vous que la vie n’est qu’incertitude et que l’aléa est l’ami de la vie

Dans un premier temps, notre arbre nous rappellerait que l’incertitude est le propre même de la vie, le germe créateur du changement, à l’origine même de la vie et de son apparition. L’aléa et l’accumulation des probabilités infimes (vitesse des particules, pression, localisation, température, orientation, quantités…) sont à l’origine de l’univers. Si l’une ou l’autre de ces variables devait évoluer de manière infinitésimale, l’univers n’existerait pas, l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan l’a abondamment démontré. Sans l’astéroïde qui s’est écrasé sur Terre il y a 65 millions d’années, les mammifères et Jurassic Park n’auraient pas existés. Sans la chaleur écrasante des déserts, les végétaux ne se seraient pas transformé en cactus.

Les cernes plus ou moins larges de notre arbre nous rappellent que l’aléa a toujours fait partie de sa croissance. Tour à tour humide ou sèche, froide ou chaude, avec ou sans insectes xylophages, aucune année n’a ressemblé à aucune autre. Ses racines se souviennent que la prêle qui fait moins de 2 mètres aujourd’hui mesurait 45 mètres de hauteur à l’époque des dinosaures qui s'en nourrissaient.

Principe immuable du Yin et du Yang, agréable ou moins agréable, l’aléa est l’ami de la vie. Il est une invention de la nature pour créer, s’amuser, apprendre et se déterminer. Comme le déclare Tchouang Tseu : « "Le Tao est sans fin et sans commencement. Tout le reste meurt, vit, est régi par l’impermanence".

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Imaginez la vie sans aléa et sans surprise. Cela porte un nom : l’ennui. La vie n’aime pas s’ennuyer et s’amuse à créer. Comme son nom l’indique, la Création n’est que « création » et l’aléa lui fournit le moyen d’être ce qu’elle a vocation à devenir : une expérience. Sans l’incertitude et l’aléa, la vie devient monotone et répétitive, un état d’immobilité triste et morne, une mort de son vivant.

L’arbre vient nous rappeler que l’aléa est un messager du vent de la vie (et du vie-vent), le meilleur moyen de vivre une expérience d’incarnation riche, capable de nous enseigner et de nous faire grandir, sans oublier de nous apporter la joie. Changer son regard sur l’aléa est le premier message de l’arbre.

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2. Donnez du sens à vos expériences désagréables

Après nous avoir dit que l'aléa faisait partie de la vie, le feuillu nous raconte ensuite qu'il est important de dépasser les constats d'apparence et les croyances trop rapides. Il vient nous aider à comprendre que les événements de la vie ne sont en effet ni bons ni mauvais, ils SONT tout simplement. Les chevreuils trop nombreux dans les forêts viennent se nourrir de l’écorce des arbres et les scarifier. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les arbres ? Ils seront affaiblis dans un premier temps par ce « grignotage » sauvage mais ils développeront dans un 2è temps une toxine qui va les fortifier et empoisonner le cheptel des chevreuils pour en réguler le nombre. Lors de la prochaine agression des cervidés, ils seront capables de se défendre plus rapidement. Il en est de même en cas de sécheresse où l’arbre s’adapte en perdant ses feuilles et en les rendant progressivement plus « grasses » ou plus « épineuses ». Dans un autre registre, une double récolte réjouira le pommiculteur mais il affaiblira le porteur de fruits. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Tout dépend pour qui et sur quelle période de temps.

L’arbre vient nous enseigner que tout événement porte le germe de son contraire et qu’il est très difficile d’affecter un événement dans une boîte « Bon » ou « Mauvais » car il porte en réalité les deux polarités en son sein. C’est parce que Louis Braille est devenu aveugle enfant (en utilisant le poinçon de son père artisan) qu’il a pu aider des millions de non-voyants de par le monde par son système d’écriture en relief. Son infirmité est-elle un bien ou un mal ? Les Restos du cœur n’existeraient pas si Coluche n’avait pas connu la faim dans sa petite enfance. Churchill n’aurait pas été l’immense Chef d’Etat qu’il a été s’il n’avait pas recherché la reconnaissance de son père. Certains entrepreneurs n’auraient jamais créé leur entreprise s’ils n’avaient pas été virés par leur ancien employeur.

Dans cet esprit, notre arbre nous invite à pratiquer les exercices suivants : 1) trouvez 3 points positifs à votre dernière épreuve ou votre dernier échec, 2) trouvez 3 risques ou inconvénients à votre dernière réussite. Ultimement, il nous inviterait à revenir sur ce qui nous taraude aujourd’hui (traumatismes et blessures, perte de sens, mauvaise surprise…) pour le transformer en opportunité pour soi et pour les autres.

3. Voyez l’utile dans vos erreurs

Dans cette idée de transformer l’aléa en opportunité, l’arbre nous rappellerait aussi qu’il est devenu mangrove dans les zones marécageuses, bonzaï en altitude et baobab dans les zones sèches. Savoir s’adapter est essentiel pour survivre dans l’« aléaland ». Faites-appel au maximum à la sérendipité, au faux-hasard qui se met sur votre route pour devenir plus créatif, inventer ce qui n’a jamais été fait avant vous et qui pourrait profiter à tous. Profitez de l’erreur d’apparence ou de la contrainte pour y voir l’opportunité et l’idée géniale. Sans parler de l‘invention de la tarte Tatin renversée par erreur dans le four ou de la mauvaise colle à l’origine du post-it, on peut rappeler qu’en 1945, l'ingénieur Percy Spencer a remarqué qu'une barre de chocolat avait fondu dans sa poche près d'un magnétron, ce qui l'a conduit à inventer le four à micro-ondes. Le Viagra a été Initialement développé pour traiter l'angine de poitrine mais ses effets secondaires inattendus ont conduit à l’utiliser pour traiter les dysfonctionnements érectiles. Alfred Nobel a découvert par « hasard » le moyen de stabiliser la nitroglycérine en la mélangeant accidentellement avec de la terre. Il a alors découvert la dynamite qui a révolutionné le monde et facilité la conquête de l‘Ouest. L’incertitude fait naître des erreurs, ces erreurs permettent de créer de l’utilité à soi, aux autres ou au monde.

Et notre arbre vous demande : que vous enseigne votre dernière erreur ou mauvaise expérience ? A quoi pourrait-elle bien servir à vous-même ou à ceux (et ce) qui vous entourent ?

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4. Trouvez votre Raison d’être

Le pommier produit des pommes et le cerisier produit des cerises. Quels que soient les épisodes et aléas climatiques qu’il rencontre, l’arbre cherchera à se préserver, à pousser et à produire ses fruits, les fruits qu’il sait produire et qui sont ce qu’il fait de mieux. Il ne viendrait pas à l’esprit du pommier de produire des cerises ni au cerisier de produire des pommes.

Trouver la Raison d’être de son organisation, trouver sa mission de vie à titre personnel sont un excellent moyen de réduire l’incertitude, quels que soient les aléas. A l’image d’un marin dans la tempête, la Raison d’être ou d’incarnation est le fanal sur la ligne d’horizon, le phare dans la nuit où tout converge et qui aide à décider.

Dans le doute et si la survie de l'organisation n'est pas en jeu, le décideur conscient choisira en effet toujours la stratégie, la gouvernance, les recrutements, les nominations, les investissements, le système de rémunération, les valeurs ou l’organisation qui contribuent le plus à la Raison d’être de l’organisation.

Il en est de même à titre individuel. Renvoyer à sa mission de vie ses choix de carrière, son emploi du temps personnel et professionnel, son lieu et style de vie, ses relations, sa vie sentimentale et familiale est un excellent moyen de simplifier et de réduire l’incertitude en période "ahodique" (sans chemin) et VICA.

5. Faites appel au bon sens et au terrain

A l’image de l’arbre qui exploite tous les nutriments et les informations de son terroir, il n’est pas interdit de recourir au bon sens pour réduire l’incertitude. Parmi tous les conseils possibles et lorsqu’il s’agit de prendre une décision importante, il peut être en effet astucieux de :

  • Demander en priorité à "ceux qui savent"  (acteurs de terrain, experts…), en les ayant préalablement identifiés. Les oiseaux, les insectes ou la météo donnent de précieuses informations qui permettent aux arbres de s’adapter le plus en amont possible.
  • Croiser les visions et appréciations de plusieurs personnes plutôt que d’une seule pour s’enrichir de leurs points de vue et de leur expérience. On se souvient que c’est en croisant 2 faisceaux d’un même objet que l’on peut obtenir un hologramme en 3 dimensions. L’arbre de son côté s’enrichit des informations relayées de manière souterraine par les racines des autres congénères de la forêt ou par les COV (éléments volatils aériens) émis par les autres arbres. L’union fait la force.
  • Interroger les intelligences artificielles génératives (ChatGPT, Perplexity, Claude, Mistral, Gemini, Copilot…) pour disposer d’un premier niveau de réponse à la question posée, sans oublier des vérifier la véracité de la réponse et la fiabilité des sources. De son côté, l’arbre puise dans la mémoire de ses racines et au « web souterrain » (wood wide web) pour s’adapter au mieux aux aléas de son environnement.
  • Démarrer si possible par une expérimentation, un prototype (POC) avant de généraliser une action à plus grande échelle. L’arbre tente la feuille et l’arbuste avant de connaître le tronc.
  • Avec le vent, les insectes ou les oiseaux, l’arbre pratique aussi la multi-expérimentation en laissant voler ses pollens, tomber ses glands, ses pépins ou ses noyaux un peu partout. Tous ne pousseront pas mais quelques uns d’entre eux assureront la perpétuation de l’espèce. Le nombre de projets plantés augmente la probabilité de survie en période d’incertitude. Lancez 10 projets pour n’en voir se développer qu'un ou deux. Ne regrettez pas les 8 qui échouent car ce taux d’échec répond à une loi de nature et se révèle plus enthousiasmant pour l'ensemble de votre écosystème.
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6. Observez, agissez sans trembler puis apprenez

En période d’incertitude, il est important d’observer deux ou trois fois plus par rapport à une période plus stable et prévisible. Il est essentiel à ce titre de mettre en place des capteurs qui vont remonter avec efficacité aux décideurs (CODIR, COMEX) les signaux faibles du marché. Pour ce faire, il est intéressant de mobiliser le terrain, de créer une veille de marché des acteurs (concurrents, fournisseurs, clients…), des produits et des services, de bâtir une veille technologique, règlementaire, médiatique et de bâtir éventuellement des indicateurs d’alerte en conséquence pour agir au plus tôt et au plus haut niveau.

Une fois les informations collationnées et rendues intelligibles, il est important d’opter pour la décision la plus juste (scénarios éventuels, porteurs et contributeurs impliqués, planning, conditions de réalisation, budget éventuel, pilotage…) puis d’agir sans trembler quels que soient les conséquences de l’action.

Il est important ensuite de se détacher des résultats et d’accepter de s’être trompé. Rappelons-nous que tous les noyaux de pêche ne donnent pas des pêchers. En cas d’échec, il est important de comprendre pourquoi et d’en profiter pour grandir et de se transformer de l’intérieur sur la base de l’enseignement produit par l’échec d’apparence. Ce rapport à l’erreur permet de dire à l’image de Nelson Mandela que l’on ne perd jamais : soit l’on gagne, soit l’on apprend. La défaite d’aujourd’hui porte en germe la réussite de demain. Comme nous le rappelle Lao Tseu : « Le bonheur repose sur le malheur, le malheur couve sous le bonheur ». Le HuainanZi (Ch. 18) renchérit : « Malheur et bonheur ont même porte, avantage et dommage sont voisins ».

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7. Partez interroger les 5 maîtres-enseignants de vérité

Par son incapacité à mentir, l’arbre sait qu’il est un enseignant de vérité que les humains les plus conscients peuvent interroger. Il sait également que les animaux (les chiens notamment), les enfants, le corps et l’amour disposent de la même aptitude. La consultation de ces 5 maîtres peut être utile en cas de prise de décision importante en univers incertain. Prenons l’exemple d’un dirigeant qui craint que l’un de ses principaux clients ne le laisse prochainement tomber. Que faire ?

Que répondrait un arbre à cette situation ?

« Quand je sens que l’hiver va être froid et que j’aurai moins de ressources, j’épaissis mon écorce et je fais des réserves, je lâche mes feuilles et j’enfonce plus profondément mes racines dans le sol ». On pourrait en déduire qu’il est important de renforcer la fidélisation de ses clients principaux et notamment celui qui risque de partir, de renforcer par anticipation sa trésorerie et de diminuer les coûts pour pouvoir plus facilement encaisser le choc d’un éventuel départ et de commencer à prospecter certains clients potentiels de substitution.

Que répondrait un chien à cette situation ?

« Moi, j’ai confiance en mon maître. Il ne m’abandonnera jamais ! » ou bien « Si je vois que mon maître n’est pas content, je viens lui lécher la main et lui apporter des marques d’affection ». Il est possible de déduire de cet échange imaginaire qu’il est important de contacter sans tarder son client pour s’assurer que tout va bien et de lui adresser quelques marques de confiance et de réassurance : une remise bienvenue, quelques jours de prestations gratuites, un service complémentaire imprévu (SAV, hotline…).

Que répondrait le corps à cette situation ?

« Je ne suis pas bien avec cette incertitude, je suis mal à l’aise. C’est trop pénible, j’ai besoin de savoir ce qu’il en est réellement ». Le corps nous rappelle qu’il a besoin de clarté, ce qui suppose peut-être de contacter diplomatiquement le client (repas d’affaires…) pour savoir comment se porte son activité, ses prévisions et de l’amener progressivement sur la qualité de la collaboration.

Que répondrait un enfant à cette situation ?

« Si un ami voulait me laisser tomber, je serais triste mais j’en chercherais d’autres en espérant qu’il revienne peut-être plus tard ». Cette remarque suggère de prospecter dès à présent de nouveaux clients et de mobiliser la force de vente (terrain ou en ligne) en ce sens. Elle invite également à tout faire pour retenir le client mais d’accepter de le laisser partir si telle est son intention en lui indiquant qu’il sera toujours le bienvenu s’il devait changer d’opinion. Ce sont des choses qui arrivent régulièrement dans le monde des études de marché marketing ou de la formation par exemple, lorsqu’un annonceur décide de changer de cabinet d’études « pour voir » et se rendre compte quelques mois plus tard que le nouveau prestataire ne propose pas un service d’aussi bonne qualité que les précédents prestaires. Le client revient alors penaud dans les bras accueillants de son ancien fournisseur et deviendra par la même occasion son meilleur ambassadeur.

Que répondrait l’amour à cette situation ?

« J’aimerais lui apporter la preuve de notre attachement ». On peut retrouver ici la notion de cadeau et de réassurance évoqués plus haut mais on peut également ajouter la contribution d’autres acteurs : pourquoi ne pas demander à un ami de se renseigner de manière indirecte sur les intentions réelles du client et sur ce qu’il pense réellement de la qualité de sa relation avec votre organisation ? L’amour peut également inviter certains de vos amis à faire la publicité de votre enseigne sur les réseaux sociaux ou en direct auprès du client s’ils ont leurs entrées. En bref, la voie de l’amour parle de lobbying, de réseau et de recommandation, très utiles en période d’incertitude.

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8. Simplifiez tout !

Simple et fractale par essence, la nature reproduit des formes simples : des cercles, des spirales, des carrés, des nervures… Un arbre de son côté ne cache rien et on peut reconnaître son espèce à 100 mètres de là ainsi que son état de santé (cime dégarnie...). Dans le monde des humains, plus les organisations sont compliquées, moins les intentions sont claires et plus il est difficile de décider, plus encore dans un environnement incertain et volatil. Pour cette raison, tout simplifier limite l’aléa et aide à décider. L’arbre invite à se dépouiller et à abandonner le superflu. Simplifiez votre Raison d’Être, votre stratégie, vos besoins, vos valeurs, votre organisation (nombre de niveaux, intitulés de fonction…), votre gouvernance, la nomination des dirigeants, votre management, vos notes et directives, votre système de rémunération et de reconnaissance, le nombre de vos indicateurs et vos tableaux de bord, vos circuits d’information, votre communication (quanti, quali) qui doit être intelligible par un enfant de 12 ans, vos réunions (quanti, quali), vos produits et services, votre politique tarifaire, vos formations, le nombre de vos références ou de fournisseurs… Nommez pour chaque métier des « pilotes de la simplicité », en charge de simplifier tout ce qui peut l’être et faites tourner ce rôle si vous le jugez utile.

L’efficacité et l’harmonie naissent du dépouillement et de la forme simple. La simplicité n’est cependant pas l’uniformité. Aucun arbre ne ressemble à aucun autre dans la forêt. Aucune feuille d’un même arbre ne ressemble à aucune autre.

9. Développez votre intuition

Par les rayonnements du soleil et de la lune, l’arbre sait peut-être avant nous quelle sera l’évolution de la météo, des saisons ou du climat. Les anciens par exemple examinaient la chute précoce des feuilles, l'abondance des récoltes ou l'épaisseur de l'écorce pour anticiper les hivers rigoureux. Cette prescience renvoie pour les humains à ce que l’on pourrait appeler l’intuition. L’intuition est un bon moyen de décider en période d’incertitude car une telle période rend les études complexes à interpréter voire inutiles car aucune chronique statistique n’a jamais permis de prévoir l’aléa et que les experts ne sont généralement pas d’accord entre eux. C’est pourquoi en période VICA et plus qu’à aucune autre, il est important de recourir à l’intuition pour prendre ses décisions, de manière rapide et parfois évidente, sans avoir pourtant les moyens de démontrer la justesse de son analyse et de ses décisions.

De mutliples techniques de développement de l’intuition existent et reposent dans la tradition taoïste par l’ouverture du point qui est au sommet du crâne (BaïHui, VG 20). L’ouverture de cette porte (TianMen) suppose toutefois une pratique qu’il est délicat de présenter en quelques lignes. Quelques techniques ont été décrites dans cet article.

Au terme de ces 9 xylo-messages, l’homme conscient s’assoit sur le rocher et respire calmement. Il regarde avec tendresse son ami de feuilles jouer avec les rayons du soleil. Saisi par un élan irrépressible, il se lève doucement sans le quitter du regard et vient enlacer son tronc de ses branches de chair. Au contact de la peau rugueuse de son maître et dans le halo du feu intérieur qui l'absorbe, il éprouve l’étrange sensation de s'expanser, de fusionner avec la Terre par les racines de ses pieds et avec le Ciel par la canopée de sa tête.

Dans l'intimité profonde de ses cellules, il ressent que l'arbre continue de l’instruire et de lui montrer la Voie, de celles qui ne s'écrivent pas avec les mots mais qui se vivent avec la sève, de celles qui ne prennent pas naissance dans la frondaison de sa tête mais dans l'aubier de son corps.

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